Son poignard d'Ingres
C'est sous ce vocable original que Maurice Leblanc désignait le personnage qui fit son succès: Arsène Lupin (anecdote découverte dans cet ouvrage). De quoi surprendre pas mal d'amateurs du gentleman cambrioleur: l'auteur ferait-il preuve d'ingratitude face à la renommée littéraire procurée par sa création?
En détournant la fameuse expression du "violon d'Ingres", Maurice Leblanc cherchait à exprimer les sentiments ambigus qui l'affectaient. S'il prenait plaisir à rédiger les aventures du plus célèbre cambrioleur du XXème siècle, l'auteur souhaiterait désespérément faire reconnaître ses talents d'écrivain dans d'autres genres littéraires plus "sérieux".
A la même époque, de l'autre côté de la Manche, un autre auteur étouffe sous le succès de son personnage. Ce dernier est à l'opposé du cambrioleur puisqu'il est le plus célèbre détective de son temps: Sherlock Holmes. Arthur Conan Doyle déclare même à son sujet: " Je le tuerai ou c'est lui qui me tuera!". Il met sa menace à exécution dans "Le Problème final" qui relate la fin de son héros: ce qui lui vaudra la colère de ses lecteurs... jusqu'à ce qu'il publie "Le Chien des Baskerville" (une nouvelle aventure du détective qui se déroule avant la mort de Sherlock Holmes).
Curieuse situation tout de même que celle de ces auteurs littéralement dépassés par le succès de leur personnage... au point d'en devenir prisonnier! Je m'interroge parfois sur l'avenir de J.K. Rowling, par exemple, qui a annoncé vouloir s'éloigner du sorcier le plus célèbre du XXIème siècle pour s'essayer à d'autres genres. Et vous?